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le blog de gab
25 septembre 2005

plage

Une plage tranquille à la fin de l'été, un soleil franc, le murmure des vagues…

On pourrait mettre ça en scène sous forme de petits sketches simultanés, à improviser :

Une dame d'un certain age, confortablement installée sur un siège de plage. Son téléphone portable sonne, la conversation s'engage. D'abord des murmures, mais petit à petit le ton monte, la dame s'agite sur son fauteuil, quelquefois ça s'emballe, elle crie littéralement : "donner congé, oui, donner congé", avec des intonations très vulgaires, qu'on n'aurait pas soupçonnées de sa part. Puis elle va raccrocher, et aternativement : gratter furieusement son téléphone ; se lever pour aller tirer de grosses bouffées d'une cigarette brune, genre gauloise caporal, les pieds dans l'eau, face à la plage, l'air pas aimable.

Une jeune femme et sa mère viennent s'installer. La jeune femme n'est pas spécialement belle, mais elle est mince, en deux-pièces. La mère est plus petite, boulotte, dans un maillot de bain une pièce noir. Elles s'allongent sur le sable, elles ont à voix basse une conversation secrète, intense. Un moment elles vont se baigner, elles restent au bord de l'eau, la jeune femme esquisse quelques mouvements de brasses, la mère reste debout, immobile, elle regarde sa fille avec une espèce d'admiration.

Un couple d'étrangers, des anglais, jeunes. Lui, c'est un athlète, parfaitement bati, très grand. Il marche en roulant des mécaniques, peut-être est-il un peu gêné par un trop grand corps, trop lourd, trop voyant ? Elle bien sûr parait frèle à coté de lui, elle passe inaperçue. Ils vont se baigner, bien sûr ils se livrent aux discrets jeux sexuels habituels dans ce genre de circonstance. À un moment le type fait tournoyer sa fiancée dans l'eau, autour de lui. Curieusement elle a des palmes au pied, elle garde les pieds joints, on dirait vraiment une sirène…

Une jeune femme en maillot rouge ignore souverainement le reste de la plage. Elle ne quitte pas des yeux son livre, si ce n'est pour signifier clairement, d'un regard peu amène : "vous me dérangez, je suis en train de lire", à ceux qui passent à proximité, qui s'installent un peu trop près de chez elle. Un vieux beau passe, s'arrête, regarde le livre, se penche, lui demande de quoi il s'agit. Elle, elle montre la couverture, n'esquisse pas un sourire. Le type pose quelques questions, essaie d'engager la conversation, elle répond à peine, elle attend que ça se passe, dans une inexpressivité absolue (pas d'agacement, pas de colère). Au bout d'un certain temps le type repart, visiblement satisfait. Elle, l'air un peu résigné, continue sa lecture qu'elle a à peine interrompue.  

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Commentaires
G
encore merci, loïc !
L
J'aime bien ces descriptions sur le mode "choses vues", sobres, précises, elliptiques, drôles.
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