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le blog de gab
30 septembre 2006

le discours de ratisbonne : ce qu'ils en ont dit

"Benoit XVI avait en partie raison". Abdelwahab Meddeb, écrivain et poète tunisien, animateur de l'émission "Culture d'islam"sur France Culture, auteur de "La maladie de l'islam" (Editions Le Seuil, 2002 ) :

[…] Le monde musulman a raté une très belle occasion de se remettre en question. Dans son discours de Ratisbonne, le pape a touché du doigt les germes de ce que j'appelle dans mes ouvrages "la maladie de l'islam", qui est aussi la base de l'islamisme. La question de la violence dans l'islam est une réalité. Quand le pape a évoqué le rapport très étroit de cette religion avec la violence, il a dit la vérité, même s'il ne faut pas séparer l'islam de la raison. […] Le monde musulman aurait besoin de se confronter à une effervescence intellectuelle. Au lieu de cela, il n'a réagi que par l'indignation. Selon moi, Benoît XVI aurait mieux fait de s'abstenir de "regretter", ou du moins pas aussi rapidement.
[…]Aujourd'hui, nous sommes nombreux à attendre le moment où les musulmans vont à leur tour trahir leur propre "lettre", en laissant de côté la violence une fois pour toutes. Des théologiens de l'islam ont appelé à la suspension du Djihad dès le XIXe siècle, sans succès. Personnellement, je suis sceptique. A mon avis, l'islam finira par sortir de ce temps de malheurs et de ténèbres, mais ce n'est certainement pas pour demain…
(nouvelobs.com, 19-09-06)

Le pape Benoit XVI et l'islam. Roland Y. Dajoux pour Guissen Israël news. auteur de « Israël, la Paix et les médias », Ed Brit Chalom :

La question des relations entre l'islam et les chrétiens vient de faire brutalement irruption dans l'actualité. Le Pape Benoît XVI a soulevé un tollé en osant évoquer des vérités historiques que le monde musulman interdit de révéler sous peine de menaces. L'islam est le défi du siècle. L'Occident aura-t-il le courage de relever ce défi ?

[…]

Le djihad est souvent défini par des auteurs musulmans modérés comme " l'effort de l'individu sur lui-même ". Ils occultent ainsi sa signification plus belliqueuse de guerre sainte contre les Infidèles et son idéal de conquête, compris et reçu par les tous croyants de l'islam. Les bombes humaines se font exploser au nom d'Allah et du djihad, c'est-à-dire au nom de cette doctrine religieuse.

Il ne faut pas oublier que l'islam englobe dans une même entité religion, politique et expansion territoriale. L'islam est toujours la religion officielle des États arabes qu'on dit laïques. Il n'existe pas de séparation entre l'Église et l'État comme chez les chrétiens, ou de la royauté et de la sainteté comme dans le judaïsme. Les menaces verbales et concrètes de musulmans du monde entier ne sont-elles pas en définitive, une autre forme de terrorisme : le terrorisme intellectuel au nom de l'islam ?

source

 

Benoît XVI : pape de la rupture ? Karim Emile Bitar, Consultant en stratégie et en communication, Directeur de la rédaction de la revue L’ENA hors les murs :

En réintégrant les intégristes lefebvristes excommuniés par son prédécesseur , en les recevant à Castel Gandolfo, en les autorisant même à célébrer la messe selon les anciens rites préconciliaires, Benoît XVI semble relativiser l’importance de nombreuses conclusions du concile Vatican II, dont le jeune théologien Joseph Ratzinger, alors novateur, avait pourtant été l’un des architectes.

Lorsque, dans son discours du 28 mai 2006 à Auschwitz-Birkenau, Benoît XVI attribue la responsabilité de l’holocauste à un simple «groupe de criminels», il blesse un grand nombre de juifs — et bien d’autres — qui sont légitimement indignés car ces propos sont en contradiction avec toute l’historiographie récente, qui relève sinon une culpabilité collective, du moins une responsabilité collective du peuple allemand ayant porté Hitler au pouvoir.

C’est aujourd’hui au tour des musulmans — et fort heureusement de beaucoup d’autres — de se sentir blessés par les propos, particulièrement inquiétants, tenus par Benoît XVI dans son discours prononcé le 12 septembre à l’université de Ratisbonne.

[…] Ces distinctions de nature essentialiste entre l’«Occident» et l’«islam» sont non seulement erronées compte tenu de l’extraordinaire diversité au sein de chacune de ces civilisations, mais aussi particulièrement néfastes et potentiellement dévastatrices tant elles peuvent être aisément instrumentalisées par des dirigeants, musulmans ou occidentaux, souhaitant imposer des visions bellicistes au nom d’une supposée incompatibilité ancestrale entre «eux» et «nous». […] Ce n’est pas un hasard si Ehud Olmert, dans un discours orientaliste — et raciste — typique a proclamé que c’était pour «défendre la civilisation occidentale» qu’il avait largué un million de bombes à fragmentation sur le Liban ! […]

La crise de confiance déclenchée par les propos de Benoît XVI ne se résorbera pas par un simple communiqué du Vatican disant que le pape est «absolument désolé» d’avoir offensé la sensibilité des musulmans.[…]

(nouvelobs.com, 18-9-06)

 

"Un dérapage contrôlé". Christian Terras, directeur de la rédaction de la revue Golias et auteur de "Le pape Ratzinger, l'héritier intransigeant" (Ed. Golias)

 

Tout d'abord, la sagesse des hauts dignitaires musulmans est à saluer, puisqu'à travers leurs discours appelant à l'apaisement, ceux-ci ont réussi à éviter des réactions excessives, mis à part le meurtre d'une sœur religieuse en Somalie.[…]

En établissant un lien entre Islam et violence, le pape, qui veut revenir à un catholicisme intransigeant, oublie un peu vite l'histoire du christianisme, notamment les Croisades.[…]

Le pape aurait donc dû prendre des précautions avant de prononcer un tel discours, surtout dans le contexte actuel.[…]

(nouvelobs.com, 18-9-06)

 

 

 

"Demande pardon au monsieur..."Laurent Greilsamer

Le Monde, 18-9-06.

 

Faut-il toujours s'excuser ? Ou présenter ses regrets ? S'excuser d'avoir dit ce que l'on a dit même si on continue de le penser ? Présenter ses regrets même s'il n'y a rien à regretter ? Beau sujet de réflexion alors que le monde musulman s'offusque des propos du pape Benoît XVI sur l'islam, exige qu'il manifeste sa résipiscence, ordonne au Vatican de faire amende honorable.[…]

En réalité, le texte ample et exigeant de Benoît XVI … est devenu le prétexte commode à des manifestations contre les valeurs de l'Occident et son culte de la raison. Qu'importe ce qu'a dit ou voulu dire réellement le pape. L'affaire est politique, la théologie oubliée, et, avec elle, le goût de la dispute intellectuelle, de la critique et de l'autocritique.

Imagine-t-on des foules virulentes manifester en Israël, en Europe ou aux Etats-Unis pour exiger du président iranien qu'il retire immédiatement ses déclarations sur le sionisme et qu'il s'excuse solennellement pour avoir plusieurs fois affirmé qu'il convient de "rayer Israël de la carte" ? Non, bien sûr. L'exigence d'excuses est une arme que se réservent les fanatiques, les despotes, les fous d'orgueil et les tribuns populistes.[…]

On ne sait pas trop ce que valent les excuses ou les regrets dans le domaine si codifié des relations internationales et de la diplomatie. Mais il apparaît aujourd'hui que leur usage est à géométrie variable. Les tyrans modernes les récusent : ils veulent bien en recevoir, mais refusent d'en présenter. Ni le président iranien ni le président vénézuélien, qui viennent de participer au sommet des pays non alignés à Cuba, n'ont songé à rétracter quoi que ce soit dans leurs discours négationnistes. […]

 

 

Islam.Islamisme. Cet insuportable regard des autres. Ahmed Halli. Article originellement paru dans Le Soir d’Algérie du 18/9/2006. Consultable sur Kabylie news

 

A la différence des caricatures offensantes de l’année dernière, la réaction a été quasi immédiate. C’est que la machine de l’indignation est désormais rodée.

Des Frères musulmans d’Egypte aux baathistes du Yémen, c’est l’unanimisme. Les musulmans d’aujourd’hui ne cherchent plus l’élévation spirituelle, ils vivent en état d’alerte permanente. Ils chassent le moindre glissement sémantique, la plus petite atteinte à leur vérité historique.

Ils sont les Nemrod des dérapages verbaux, comme les déclarations du pape Benoît XVI. Les musulmans ont le doigt sur la détente des armes de l’indignation, de la colère et du ressentiment. Aujourd’hui, au moindre signal, la protestation s’organise et se transforme, pourquoi pas, en actes de représailles. Le pape, c’est combien de divisions ?, disait Staline pour tourner en dérision la supposée puissance du Vatican.

Avec quelques phrases bien senties, dont certaines proviennent du fond des âges de l’Islam, ce pape-là vient de démontrer la puissance du verbe. Rendez-vous compte, même le roi notre voisin incapable tout comme nous de secouer le cocotier, trouve le temps d’être choqué. Il rappelle son ambassadeur au Vatican en signe de protestation contre les déclarations du pape Benoît XVI. Après tout, il est dans son rôle de "Commandeur des croyants" même si la foi populaire vacille aussi au Maroc sous l’effet des vents d’est.

C’est une véritable tempête qui s’est emparée de la "Oumma" arabe et islamique. Les islamistes, les baathistes, les nassériens et les mine de rien, tous unis, brandissent l’étendard de la révolte. Nos chers petits anges, taxés hâtivement de terroristes, se proposent comme instruments de notre vengeance. Ils menacent d’attaquer Rome et le Vatican et nous sommes tout disposés à les croire.

Dans ce climat de fureur et de grondements collectifs, il est difficile de faire entendre la voix de la raison. Ayant abdiqué depuis longtemps toute tentation de scruter le fond de nos problèmes, il est normal que nous ne supportions plus le regard des autres. Surtout s’il est dépourvu d’aménité. Surtout s’il provient du pape de la chrétienté dont l’opinion sur l’Islam nous tient tant à cœur. Bien que le Benoît XVI n’ait jamais eu la réputation d’être un fervent admirateur de l’Islam, l’universelle naïveté musulmane croyait à sa prochaine conversion.

Au lieu de cela, il nous poignarde dans le dos en affirmant que nous sommes devenus musulmans avec un couteau sur la gorge. Pourtant, à y regarder de près, Benoît XVI n’apporte rien de neuf en affirmant que l’Islam s’est propagé par l’épée. En dehors de quelques exaltés friands de mythes, tous les historiens l’ont écrit et, parmi eux, des Arabes et des musulmans.[…]

 

Débat avec Henri Tincq, lemonde.fr, 19-9-2006 :

 

[…] La montée des extrémismes musulmans inquiète de plus en plus le monde chrétien. Je rappelle que dans les pays musulmans, les chrétiens sont de moins en moins nombreux et sont tentés de s'exiler. Je rappelle qu'en Turquie, après l'affaire des caricatures de Mahomet, trois prêtres ont été assassinés. Au Nigeria, on a brûlé des églises, comme au Pakistan. Les chrétiens sont dans une période de crainte par rapport à l'islam, et les autres aussi. 

La question est de savoir si on ne risque pas de confondre islamisme et islam. C'est le reproche qui est fait au pape de faire l'amalgame. Reproche sans doute injuste. Je continue de penser que si le pape dénonce, comme il l'a fait tant de fois, l'islamisme, i.e. la perversion de l'islam, il est en droit aussi de poser des questions aux musulmans dits modérés. Prennent-ils assez position pour dénoncer les tentations intégristes dans leurs propres rangs ? Que font-ils pour chasser la tentation islamiste ? Que font-ils pour moderniser leur religion ? Que font-ils face à des dispositions de la loi musulmane qui sont scandaleuses, comme la peine de mort pour l'apostasie, pour le blasphème, comme les lois sur la répudiation, sur l'héritage inégal entre l'homme et la femme ? Cela choque l'Occident.

Que veulent ou peuvent faire les musulmans modérés ? Sans doute les conditions politiques ne leur permettent pas de s'exprimer. Mais il est bon que le pape pose des questions à l'ensemble de l'islam sans qu'on puisse lui reprocher de faire un amalgame avec l'islamisme. 

 

La nouvelle trahison des clercs. Alain Gérard Slama, Le Figaro, 18-9-2006

 

Nous y revoici donc. Voici que les querelles cléricales que l'on croyait apaisées s'enflamment et divisent de nouveau les démocraties. Le discours prononcé par Benoît XVI à l'université de Ratisbonne le 12 septembre dernier n'a pas provoqué seulement des réactions d'une violence intolérable dans un monde musulman de plus en plus solidaire de ses fractions radicales, avec ou contre son gré. Il soulève au sein même des nations laïques des polémiques que l'on espérait révolues. En France, on est frappé d'entendre échanger, à l'occasion de cette crise, les mêmes arguments que ceux qui divisaient l'opinion au plus fort du conflit entre les cléricaux et les anticléricaux il y a plus d'un siècle, lors de la séparation de l'Église et de l'État.

Le discours du Pape est une synthèse puissante du débat sur les rapports entre foi et raison qui opposait alors les modernistes catholiques aux conservateurs, tenants de l'autorité de la tradition. Une polémique byzantine de 1391, confrontant l'empereur érudit Manuel II Paléologue à un Persan lettré sur le christianisme et l'islam a servi de tremplin à Benoît XVI pour compléter dans un sens moderniste la thèse de Jean-Paul II, selon laquelle la raison des Lumières sans la foi conduit au nihilisme et est, par nature, totalitaire. Sans citer son prédécesseur, le Pape s'est efforcé de montrer que, réciproquement, la foi sans la raison, autrement dit sans le Verbe de la Bible, sans le Logos grec des Évangiles, conduit à la violence.

Ce raisonnement vise tous les traditionalismes, tous les fanatismes de l'autorité qui, en particulier au sein du monde chrétien, ont favorisé les croisades et l'Inquisition. Mais comme le contradicteur de Manuel II est musulman, comme celui-ci défend la thèse du principe d'autorité pur et absolu d'un Dieu exigeant une soumission totale à son arbitraire et ce choix, de la part de Benoît XVI, ne saurait être innocent ! – il n'en a pas fallu davantage pour que l'islam tout entier se trouve agressé par la mise en évidence d'une objection que ses théologiens n'ont jamais ignorée et que, à la différence des chrétiens, leur incapacité de s'unifier en une Église leur interdit de surmonter.

Cela dit, la poussée fanatique qui répond par la violence aveugle au débat ouvert par Benoît XVI n'est pas une raison suffisante pour que les intellectuels laïques occidentaux se rallient totalement à son discours.[…]

 

 

Pape/Islam : l’Islam est il réellement dépourvu de rationalité comme le prétend le Pape ?Le discours du Pape expliqué au islamistes. Kabylie news, 22-9-2006.

 

 

[…]Au dela de la polémique, soulevée par certains islamistes qui se sont sentis visés, la question se pose « L’islam fait-il apelle à la raison ? ». Il est clair que actuellement l’islam n’obeit pas à la raison. L’Islam actuel, sous la domination wahhabite, se résume en une stricte imitation du droit coutumier des bédouins yéménites du VIe siècle avec en corrolaire une idôlatrie pour un dialecte sémite, et malgé ses mises en garde multiples, une idôlatrie du prophète.

Nul ne peu contester qu’actuellement l’islam est devenu le Ground Zero de la spiritualité. Mais cela n’a pas toujour été ainsi. Il fut une époque lointaine ou la rationalité existait en islam.[…]

Quel héritage reste il des grands penseurs de l’Islam d’aujourd ’hui ? Rien ou si peu. Le droit coutumier des bedouins yemenites élevés au rang de commandements divins, des superstitions sur les djinns et les démons qui se métamorphosent en êtres humains, une sacralisation du Saint Coran non pour son message mais comme objet en tant que tel, et des fidèles idolatres qui s’empresse de ramener de l’eau de zazam de leur pelerinage, des guerrisseurs qui soigent en écrivant une sourate sur un morceau de tissu ...

Les oulémas, acquis au bédouinisme, tel Kardawi sur Al djazira, font preuve de raison dans leur foi : « Le pape n’a pas le droit de parler de l’Islam car il n’est même pas musulman d’abord ».

Avec leurs réactions parfois violentes dans le monde, les musulmans ne nous renseignent guère sur l’importance de la raison en Islam, par contre ils fournissent un beau sujet d’analyse des réactions pavloviennes. En définitive le pape a peu-être raison ...

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