oublier sarkozy
Oublier, pour quelque temps encore, oublier Sarkozy pendant que c’est encore possible.
La menace était présente depuis longtemps déjà, et se précisait de jour en jour, mais malgré tout on ne voulait pas y croire, on se disait c’est pas possible, ça ça ne pourra pas passer, les gens vont se rendre compte, ouvrir les yeux, alors en attendant on oubliait, on détournait le regard,on pensait à autre chose, on croyait à la belle apparition féminine, un souffle nouveau, sur nos écrans et dans l’imaginaire collectif.
Eh bien maintenant ce n’est plus une menace, c’est la réalité, et pour quelque temps encore, pour quelques jours, nous sommes dans le no man’s land, dans la pâleur de l’aube où le rêve est encore possible.
Oublier Sarkozy et ses mensonges, oublier le mensonge et la provocation comme méthode de gouvernement.
Oublier Sarkozy et son masque faussement apaisé, qui dissimule bien mal ses grimaces de haine et de mépris.
Oublier Sarkozy et tous les petits sarkozy qui vont proliférer un peu partout, ses petits émules, ses petits clones, qui vont imposer leurs « valeurs », leur « morale », leur « ordre », qui vont vous regarder de travers s’ils sentent que vous ne pensez pas comme eux,et qui vont se sentir insultés si vous le leur dites.
Oublier nos pauvres petites valeurs de gauche, désormais ridicules, la solidarité, le partage, le goût de la justice et de la révolte, la croyance en un monde meilleur où chacun aurait le droit de vivre dignement.
Oublier l’opportunisme qui rend hommage à la victoire, les traitres ET les crétins qui tous se précipitent pour faire allégeance, qui quémandent une place à la table du chef ;
Oublier le malheur des vaincus,la très grande honte des vaincus qui sont responsables par leur légèreté et leur inconstance de tout et du reste, les « incompétents », les « jaloux », qui fort heureusement ont été mis en déroute.
Oublier encore un temps les sombres et nombreuses années qui nous attendent, le règne à quoi rien ne pourra s’opposer de cette hybride de Thatcher et Berlusconi, mâtiné d’une dose encore à évaluer de Big Brother.
Alors, pas d’espoir ? Si, une lueur, une certitude, même, car on ne « liquide » pas l’histoire : « Mai 68, c’est demain ». Je cite de mémoire : Nicolas Sarkozy mettra toute son énergie, tout son talent, à instaurer la nouvelle devise : travail, famille profit. Mais grâce à lui, on peut le dire , mai 68 c’est demain » Philippe Sollers, chez Guillaume Durand, émission esprits libres, 11 mai 2007.