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le blog de gab
23 décembre 2007

la société du spectacle

«  Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit rien de plus que « ce qui apparaît est bon, ce qui est bon apparaît ». L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation passive qu’il a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître sans réplique, par son monopole de l’apparence. »

 « En tant qu'indispensable parure des objets produits maintenant, en tant qu'exposé général de la rationalité  du système, et en tant que secteur économique avancé qui façonne directement une multitude croissante d'images-objets, le spectacle est la principale production de la société actuelle. »

« Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l'économie les a totalement soumis. Il n'est rien que l'économie se développant pour elle-même. Il est le reflet fidèle de la production des choses, et l'objectivation infidèle des producteurs. »

« La première phase de la domination de l'économie sur la vie sociale avait entraîné dans  la définition de toute réalisation humaine une évidente dégradation de l'être en avoir. La phase présente de l'occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l'économie conduit à un glissement généralisé de l'avoir au paraître, dont tout «avoir» effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière. En même temps toute réalité individuelle est devenue sociale, directement dépendante de la puissance sociale, façonnée par elle.
En ceci seulement qu'elle n'est pas, il lui est permis d'apparaître. »

 Guy Debord, La société du spectacle. Première édition : 1967.

 

« …Déduisons-en une règle générale: la portée existentielle d'un phénomène social est perceptible avec la plus grande acuité non pas au moment de son expansion mais quand il se trouve à ses débuts, incomparablement plus faible qu'il ne le deviendra demain. Nietzsche remarque qu'au XVIe siècle l'Église n'était nulle part au monde moins corrompue qu'en Allemagne et que c'est à cause de cela que la Réforme a pris naissance précisément là, car seuls les « débuts de la corruption étaient éprouvés comme intolérables ». La bureaucratie à l'époque de Kafka était un enfant innocent en comparaison de celle d'aujourd'hui, et c'est pourtant Kafka qui a découvert sa monstruosité qui depuis est devenue banale et n'intéresse plus personne. Dans les années soixante du xxe siècle, de brillants philosophes ont soumis « la société de consommation» à une critique qui s'est trouvée au fil des ans si caricaturalement dépassée par la réalité qu'on se sent gêné de s'en réclamer. »

 Milan Kundera, Le rideau.

 

En 1988, Guy Debord écrit les commentaires sur la société du spectacle. On peut y lire notamment :

« La discussion creuse sur le spectacle, c’est-à-dire sur ce que font les propriétaires du monde, est ainsi organisé par lui-même : on insiste sur les grands moyens du spectacle,afin de ne rien dire de leur grand emploi. On préfère souvent l’appeler, plutôt que spectacle, le médiatique. Et par là, on veut désigner un simple instrument, une sorte de service public qui gérerait avec un impartial « professionnalisme » la nouvelle richesse de la communication de tous par les mass-média, communication enfin parvenue à la pureté unilatérale, où se fait paisiblement admirer la décision déjà prise. Ce qui est communiqué, ce sont les ordres ; et, fort opportunément, ceux qui les ont donnés sont également ceux qui diront ce qu’ils en pensent. »

 « De même que la logique de la marchandise prime sur les diverses ambitions concurrentielles de tous les commerçants, ou que la logique de la guerre domine toujours les fréquentes modifications de l’armement, de même la logique sévère du spectacle commande partout la foisonnante diversité des extravagances médiatiques. »

 « La société modernisée jusqu’au stade du spectaculaire intégré se caractérise par l’effet combiné de cinq traits principaux, qui sont : le renouvellement technologique incessant ; la fusion économico-étatique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpetuel. »

 « L’ineptie qui se fait respecter partout, il n’est plus permis d’en rire ; en tout cas il est devenu impossible de faire savoir qu’on en rit. »

 

Et nous sommes en 2007… Aujourd’hui, de quoi va-t-on rire ? 

« L'ancienne top-model devenue chanteuse à succès, est âgée de ***. Fille d'un compositeur d'opéra, ***, et d'une actrice et pianiste concertiste, ***, elle a vécu en Italie jusqu'à l'âge de cinq ans. Elle est la soeur de l'actrice, scénariste et réalisatrice ******. Devenue top-model en **** elle met un terme à sa carrière de mannequin dix ans plus tard. Elle se consacre alors à la musique, écrit des textes pour *** avant que ne sorte son premier album en ***,********, qui connaîtra un beau succès…. En ****, elle avait donné naissance à son fils ****, dont le père est *********, le fils du philosophe ******** avec qui elle avait vécu auparavant.
...
Au sommaire donc, sous le titre on ne peut plus explicite **********, la dame de coeur du ****, des photos, prises au vu et au su des intéressés samedi, qui montrent **** en compagnie de l'ancien mannequin d'origine italienne, se promenant à ****. Le ************ apparaît souriant et détendu, apparemment peu désireux de se cacher même si, ce dimanche, l'***** se refuse à tout commentaire sur le sujet.
...
Selon L'****, le couple avait déjà été aperçu la semaine passée dans les jardins du *******. ******** et ********** se promenaient alors avec la mère de la chanteuse. Sur l'antenne de **, ********, directeur de la rédaction de L'******, a indiqué que ********** elle-même, qu'il présente comme "une amie", lui aurait confirmé la réalité de la relation. Une relation qui aurait débuté après un dîner chez le publicitaire ******... »



« Dès le 25 février, mille systèmes étranges sortirent impétueusement de l’esprit des novateurs et se répandirent dans l’esprit troublé de la foule… Il semblait que, du choc de la révolution, la société elle-même eût été réduite en poussière et qu’on eût mis au concours la forme nouvelle qu’il fallait donner à l’édifice qu’on allait élever à sa place ; chacun proposait son plan : celui-ci le produisait dans les journaux, celui là dans les placards, qui couvrirent bientôt les murs ; cet autre, en plein vent, par la parole. L’un prétendait détruire l’inégalité des fortunes, l’autre l’inégalité des lumières, le troisième entreprenait de niveler la plus ancienne des inégalités, celle de l’homme et de la femme ; on indiquait des spécifiques contre la pauvreté et des remèdes à ce mal du travail qui tourmente l’humanité depuis qu’elle existe.»

Tocqueville, souvenirs. Cité dans la société du spectacle, film de Guy Debord.

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Commentaires
L
Très bien.
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