la société du spectacle
« Le spectacle se
présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit
rien de plus que « ce qui apparaît est bon, ce qui est bon
apparaît ». L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation
passive qu’il a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître sans réplique,
par son monopole de l’apparence. »
« Le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l'économie
les a totalement soumis. Il n'est rien que l'économie se développant pour elle-même. Il est le reflet
fidèle de la production des choses, et l'objectivation infidèle des producteurs. »
« La première phase de la domination de l'économie sur la vie sociale
avait entraîné dans la définition de toute réalisation humaine une évidente dégradation de l'être
en avoir. La phase présente de l'occupation totale de la vie sociale par les résultats
accumulés de l'économie conduit à un glissement généralisé de l'avoir au paraître, dont tout
«avoir» effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière. En même
temps toute réalité individuelle est devenue sociale, directement dépendante de la
puissance sociale, façonnée par elle.
En ceci seulement qu'elle
n'est pas, il lui est permis d'apparaître. »
« …Déduisons-en une
règle générale: la portée existentielle d'un phénomène social est perceptible
avec la plus grande acuité non pas au moment de son expansion mais quand il
se trouve à ses débuts, incomparablement plus faible qu'il ne le deviendra
demain. Nietzsche remarque qu'au XVIe siècle l'Église n'était nulle part au monde
moins corrompue qu'en Allemagne et que c'est à cause de cela que la Réforme a
pris naissance précisément là, car seuls les « débuts de la corruption étaient
éprouvés comme intolérables ». La bureaucratie à l'époque de Kafka était un
enfant innocent en comparaison de celle d'aujourd'hui, et c'est pourtant Kafka
qui a découvert sa monstruosité qui depuis est devenue banale et n'intéresse plus
personne. Dans les années soixante du xxe siècle, de brillants philosophes ont
soumis « la société de consommation» à une critique qui s'est trouvée au fil
des ans si caricaturalement dépassée par la réalité qu'on se sent gêné de s'en
réclamer. »
« La discussion creuse sur le
spectacle, c’est-à-dire sur ce que font les propriétaires du monde, est ainsi
organisé par lui-même : on
insiste sur les grands moyens du spectacle,afin de ne rien dire de leur grand
emploi. On préfère souvent l’appeler, plutôt que spectacle, le médiatique. Et
par là, on veut désigner un simple instrument, une sorte de service public qui
gérerait avec un impartial « professionnalisme » la nouvelle richesse de
la communication de tous par les mass-média,
communication enfin parvenue à la pureté unilatérale, où se fait paisiblement
admirer la décision déjà prise. Ce qui est communiqué, ce sont les
ordres ; et, fort opportunément, ceux qui les ont donnés sont également
ceux qui diront ce qu’ils en pensent. »
Et nous sommes en 2007… Aujourd’hui,
de quoi va-t-on rire ?
« L'ancienne top-model devenue chanteuse à succès, est âgée
de ***. Fille d'un compositeur d'opéra, ***, et d'une actrice et pianiste
concertiste, ***, elle a vécu en Italie jusqu'à l'âge de cinq ans. Elle est la
soeur de l'actrice, scénariste et réalisatrice ******. Devenue top-model en ****
elle met un terme à sa carrière de mannequin dix ans plus tard. Elle se
consacre alors à la musique, écrit des textes pour *** avant que ne sorte son
premier album en ***,********, qui connaîtra un beau succès…. En ****, elle
avait donné naissance à son fils ****, dont le père est *********, le fils du
philosophe ******** avec qui elle avait vécu auparavant.
...
Au sommaire donc, sous le titre on ne peut plus explicite **********,
la dame de coeur du ****, des photos, prises au vu et au su des intéressés
samedi, qui montrent **** en compagnie de l'ancien mannequin d'origine
italienne, se promenant à ****. Le ************ apparaît souriant et détendu,
apparemment peu désireux de se cacher même si, ce dimanche, l'***** se refuse à
tout commentaire sur le sujet.
...
Selon L'****, le couple avait déjà été aperçu la semaine passée dans les
jardins du *******. ******** et ********** se promenaient alors avec la mère de
la chanteuse. Sur l'antenne de **, ********, directeur de la rédaction de L'******,
a indiqué que ********** elle-même, qu'il présente comme "une
amie", lui aurait confirmé la réalité de la relation. Une relation qui
aurait débuté après un dîner chez le publicitaire ******... »