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Résumé des chapitres précédents : l’amour d’amiens, c’est sa cathédrale, même si on ne sait pas trop ce que c’est, cette cathédrale, et dieu non plus d’ailleurs (enfin moi je ne sais pas).
Il faut vous dire, pendant des années la cathédrale faisait peine à voir, couverte d’une épaisse couche de crasse et de pollution, désertée, ignorée, livrée aux quatre vents, à l’écart de la ville, alors que sans doute elle en avait été pendant de nombreux siècles le coeur battant.
Et puis il y a eu les travaux de rénovation, la cathédrale a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pendant ce temps là celle qu'on appelle maintenant la « vierge dorée », au portail sud, avait disparu. Elle était soignée, nettoyée, câlinée certainement dans un laboratoire ad hoc, par des gens compétents, dévoués, admirables et qui tous sont tombés j’en suis sûr amoureux de l’objet de leur travail et de leur peine.
Les travaux se sont poursuivis, des hommes ont nettoyé la pierre, ils ont retrouvé la teinte originelle des statues, du décor. C’est bouleversant de voir ça, c’est comme un message qui remonte du passé. Un jour la vierge dorée est réapparue, mais au milieu d’un chantier.
Splendide mais hors d’atteinte. J'ai attendu longtemps, je passais souvent devant elle, impatient de la voir enfin dans son entière splendeur.
Maintenant le chantier est fini. Et la vierge dorée est
toujours hors d’atteinte. Elle tient son enfant dans les bras, son enfant tient
le monde dans sa main, trois petits angelots tiennent derrière elle un mandorle (en fait c’est plutôt une
auréole, mais je préfère dire mandorle, peut-être à cause de ces deux couleurs,
vert et or, de la mandorle…)
Au dessus, les prophètes et autres personnes sérieuses semblent ignorer la scène.
Moi je regarde sans me lasser, je suis bien sur
terre, je reste sur terre, bien loin de ce tableau charmant, léger, aérien.
Il en émane une joie simple : la
joie de l’enfance, de la vie, la joie de l'amour et de l'innocence. La tête de l’enfant n’est
pas beaucoup plus grosse qu’un poing…
Les angelots sont là comme pour casser le tête-à-tête souvent grave, ou douloureux, de la mère et de son enfant. Ils emportent le tableau général dans l’allégresse, loin des représentations plus habituelles de la madone et de son enfant, comme celle qu’il y a à coté, sur le portail de la vierge de la façade…
(Elle est magnifique, elle aussi…)