6 janvier 2005
« Les nourritures affectives »
Un livre Boris Cyrulnik, ed. Odile Jacob poches.
Le titre est suffisamment explicite.
Le premier chapitre débute par l'interogation «Aurait-on pu ne pas se rencontrer ? ».
Le deuxième chapitre se demande « à quoi pensent les foetus ? », le troisième « à qui appartient l'enfant ? », le quatrième parle de violence créatrice, le cinquième du « plus incestueux des incestes ».
Le dernier chapitre m'a bouleversé. Quelque chose de profondément humain s'en dégage. A propos des vieux, l'auteur préfère dire les agés, Boris Cyrulnik y oppose la trace et le récit.
La mémoire est comme un palimpseste, un manuscrit utilisé plusieurs fois, où les premiers écrits, ceux qui ont été recouverts en premier, ressurgissent le plus puissamment et nous possèdent à la fin de la vie. Contre cette empreinte indélébile, il y a le récit que l'agé fait et se fait de sa propre histoire, un récit sans cesse renouvelé, un récit à transmettre et à partager.
Quelques citations, toutes tirées de ce dernier chapitre :
« Quand nos enfants auront quatre-vingts ans,quels récits feront-ils de cette période sensible de leur vie qui s'est incrustée dans la mémoire ? Comment vont-ils raconter l'histoire d'un père transparent,d'une mère débordée, d'une école morose et d'une société monotone, sans commémorations ni fêtes ? »
«[Les agés ont] un sentiment de la durée [qui] augmente. Ils se représentent leur avenir de la même manière que leur passé : une période longue, un temps lointain, une mort qui s'éloigne. Si bien que, paradoxalement, les angoisses de mort imminente sont bien plus fréquentes chez les jeunes que chez les vieux.»
« Notre culture méprise les souvenirs. Les fêtes dérisoires des monuments aux morts témoignent de la dégradation de nos commémorations. Noël et la fête des mères deviennent des moments d'angoisse et même des pics épidémiologiques de suicide. Jusqu'aux années soixante, ces célébrations avaient un effet glorifiant et intégrateur. Aujourd'hui, elles soulignent l'étendue de la solitude. »
« Si nous continuons nos progrès cérébraux et culturels, la mort en l'an deux mille deviendra prévisible. Dans les pays du tiers-monde, on mourra des maladies de la civilisation qu'on n'aura pas connue : modifications climatiques, famines provoquées par des troubles idéologiques et surpopulation détruisant les cultures mais fille de la procréation technique.
» Dans les pays du demi-monde, on mourra des bienfaits de la civilsation : excès d'aliments, de tabac, d'alcool et de sédentarité imposée par l'école et l'organisation des circuits sociaux. Le développement de notre conscience et la recherche de la sécurité augmenteront nos stress et leur toxicité neurologique. L'isolement social augmentera les manifestations pathologiques de nos cerveaux deshumanisés.
» Tandis qu'un petit nombre d'individus du premier monde, pafaitement humanisés, qui toute leur vie auront vécu dans l'affection,, la sécurité et l'aventure sociale, vivront intensément les cent vingt ans de leurs promesses biologiques.
» Jusqu'au jour où ils crieront : "Arrêtez la Terre ! Je veux descendre !" »
Le titre est suffisamment explicite.
Le premier chapitre débute par l'interogation «Aurait-on pu ne pas se rencontrer ? ».
Le deuxième chapitre se demande « à quoi pensent les foetus ? », le troisième « à qui appartient l'enfant ? », le quatrième parle de violence créatrice, le cinquième du « plus incestueux des incestes ».
Le dernier chapitre m'a bouleversé. Quelque chose de profondément humain s'en dégage. A propos des vieux, l'auteur préfère dire les agés, Boris Cyrulnik y oppose la trace et le récit.
La mémoire est comme un palimpseste, un manuscrit utilisé plusieurs fois, où les premiers écrits, ceux qui ont été recouverts en premier, ressurgissent le plus puissamment et nous possèdent à la fin de la vie. Contre cette empreinte indélébile, il y a le récit que l'agé fait et se fait de sa propre histoire, un récit sans cesse renouvelé, un récit à transmettre et à partager.
Quelques citations, toutes tirées de ce dernier chapitre :
« Quand nos enfants auront quatre-vingts ans,quels récits feront-ils de cette période sensible de leur vie qui s'est incrustée dans la mémoire ? Comment vont-ils raconter l'histoire d'un père transparent,d'une mère débordée, d'une école morose et d'une société monotone, sans commémorations ni fêtes ? »
«[Les agés ont] un sentiment de la durée [qui] augmente. Ils se représentent leur avenir de la même manière que leur passé : une période longue, un temps lointain, une mort qui s'éloigne. Si bien que, paradoxalement, les angoisses de mort imminente sont bien plus fréquentes chez les jeunes que chez les vieux.»
« Notre culture méprise les souvenirs. Les fêtes dérisoires des monuments aux morts témoignent de la dégradation de nos commémorations. Noël et la fête des mères deviennent des moments d'angoisse et même des pics épidémiologiques de suicide. Jusqu'aux années soixante, ces célébrations avaient un effet glorifiant et intégrateur. Aujourd'hui, elles soulignent l'étendue de la solitude. »
« Si nous continuons nos progrès cérébraux et culturels, la mort en l'an deux mille deviendra prévisible. Dans les pays du tiers-monde, on mourra des maladies de la civilisation qu'on n'aura pas connue : modifications climatiques, famines provoquées par des troubles idéologiques et surpopulation détruisant les cultures mais fille de la procréation technique.
» Dans les pays du demi-monde, on mourra des bienfaits de la civilsation : excès d'aliments, de tabac, d'alcool et de sédentarité imposée par l'école et l'organisation des circuits sociaux. Le développement de notre conscience et la recherche de la sécurité augmenteront nos stress et leur toxicité neurologique. L'isolement social augmentera les manifestations pathologiques de nos cerveaux deshumanisés.
» Tandis qu'un petit nombre d'individus du premier monde, pafaitement humanisés, qui toute leur vie auront vécu dans l'affection,, la sécurité et l'aventure sociale, vivront intensément les cent vingt ans de leurs promesses biologiques.
» Jusqu'au jour où ils crieront : "Arrêtez la Terre ! Je veux descendre !" »
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